Myriam et Paul ont deux enfants. Jeunes, carriéristes, ils ont envie de croquer la vie à pleines dents et de concilier leur vie professionnelle et leur rôle de parents. En embauchant Louise comme nounou, ils soufflent enfin, ravis d’avoir trouvé en elle la perle rare.
De ce roman, je n’avais entendu que l’évocation d’un infanticide, et d’un prix littéraire. Effectivement le roman débute par cette scène insoutenable, heureusement sans trop de détails même si l’imagination suffit à provoquer l’horreur.
Puis l’histoire remonte à la genèse de tout ça. On découvre un couple amoureux, ambitieux, à l’équilibre bouleversé par l’arrivée d’un, puis de deux enfants. Myriam se consacre quelques temps totalement à ses enfants, puis dépérit dans ce rôle de mère au foyer qui satisfait son conjoint mais qu’elle n’a pas choisi. Souhaitant elle aussi se réaliser sur le plan professionnel, elle se met à la recherche d’une nourrice en qui elle aurait toute confiance et sur laquelle elle pourrait s’appuyer.
Louise, la quarantaine, a perdu son mari qui ne lui a laissé que des dettes. Sa fille a disparu. Ayant déjà gardé des enfants, elle répond à l’annonce de Myriam et fait forte impression à cette dernière. Dès son arrivée, les enfants sont ravis, elle prend place en douceur dans la vie de famille, prenant à bras le corps le soin des enfants mais également le ménage, la cuisine, sans ménager ses efforts ni limiter ses heures.
Au fil du récit, on découvre également ses failles, sa totale solitude, sa volonté de contrôle, ses accès de fureur ou de méchanceté, sa mélancolie ancienne, et ses peurs.
Insidieusement, discrètement, Louise prend une place qui n’est pas la sienne, en laquelle elle fonde trop d’espoirs, recherchant elle aussi une famille. Avec elle aussi grandit une menace sournoise, diffuse, que personne n’identifie. Et quand l’équilibre menace de se disloquer, elle ne voit que la solution du pire…
Au-delà du fait divers, j’ai découvert une histoire finement ciselée, dans une langue à la fois précise et subtile, dévoilant toutes les nuances des caractères et du terrible, et inéluctable, acte final. Maman moi aussi, je n’ai pu que me laisser emporter par les peurs maternelles, me reconnaître dans ce parcours, retrouver tout le poids de la pression sociale mise sur les mères… C’est de cette proximité je crois que l’auteure joue avec son lecteur, et avec brio.
Ce livre mérite ses prix et éloges, j’ai moi aussi été subjuguée par l’histoire et l’écriture.
Leïla Slimani, née en 1981, est une journaliste et écrivaine franco-marocaine.
Chanson douce a été publié en août 2016 par les éditions Gallimard (18€).
16 décembre 2016 at 13 h 57 min
J’ai trouvé ce roman très intéressant aussi mais honnêtement, j’en avais préféré d’autres pour le Goncourt.
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16 décembre 2016 at 14 h 12 min
Je crois n’avoir lu que Petit pays dans cette liste, que j’ai préféré effectivement, mais j’ai bien aimé cette Chanson douce, malgré le sujet très cruel.
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16 décembre 2016 at 14 h 34 min
Moi aussi j’ai préféré Petit Pays et j’ai aussi beaucoup aimé Continuer de Laurent Mauvignier. Après c’est sûr qu’il y a tellement de sorties qu’il est impossible de tout lire ! À bientôt !
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10 janvier 2017 at 8 h 13 min
Je viens de commencer le livre et effectivement… les premières pages ont un impact énorme……….
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